dimanche 2 avril 2017

How the Shipping Container Made the World Smaller and the World Economy Bigger

Petite critique qu'on m'avait demandé d'un bouquin sorti l'année dernière.


   Une chose que je viens de découvrir en lisant cette critique. Le livre date de 2006. Je pense être tombé dessus en consultant le Financial Times and McKinsey Book of The Year Award qui présentent une short list de bouquins business/éco plutôt très bonne tous les ans. Bref, si vous cherchez de quoi lire dans ces domaines, foncez, c'est du très bon et il y a de tout. Penseurs plutôt "à gauche" comme Piketty inclus.
A côté de ça, il faut dire que le négoce international est mon 2ème métier, notre société gère environ 600 TC par an, et forcément, c'était intéressant de remonter à la source.


   Alors de quoi ça parle? De cet étrange object qu'on a tous vu, le container. Etrangement, l'auteur remarque qu'il n'y a jamais eu de vraie étude académique ou historique sur le TC (abréviation de Container). Le livre est passionnant en tant qu'exemple pratique de pleins de concepts économiques en fait.

   Il décrit très bien la transition au milieu du XXème siècle entre les ports à l'ancienne et ce qu'on appelle un port aujourd'hui et qui n'a plus grand chose à voir avec l'image d'Epinal qu'on s'en fait. Les marins et les dockers, organisés en semi-mafia, abusant d'alcool, avec leurs bagarres qui déchargent un bâteau en 3 semaines ; c'était une réalité. Les dockers étaient organisés en "gang" et étaient payés à la demi-journée en général, parfois à la semaine mais n'avaient jamais de contrat fixes.
   Le container a permis l'automatisation du transport, il est concomitant de l'invention de la logistique comme science de l'ingénieur. En réduisant par 20 le temps de chargement et de déchargement d'un navire, on réduit pareillement les besoins en hommes. 
   Le livre décrit comment certains syndicats ont très vite compris cela, et négociés des salaires mensuels stables pour leurs membres. Tandis que d'autres, s'accrochant à des chimères ont fait couler les ports dont ils dépendaient.
   La destruction créatrice battait son plein, tant certains ports comme celui de New York a quasiment disparu au profit de nouveaux centres crées ex nihilo comme au New Jersey. Le problème de New York, la circulation bien trop dense et une profondeur de mer bien trop faible.
   En réduisant dramatiquement les coûts, le TC a permis la mondialisation telle qu'on l'a connaît aujourd'hui. L'exemple de Barbie, poupée dont les cheveux sont japonais, le plastique taïwanais et les colorants américains est flagrant. Le container a permis l'horizontalisation des process là où on tendait vers toujours plus d'intégration verticale.
   Bref, The Box est aussi l'histoire d'industriels qui posent des normes (quelle taille, quelle tonnage, quels tarifs), de syndicats et d'Etat qui lorsqu'ils accompagnent le progrès permettent des réussites insolentes comme à Singapour. Ca parle de vieux centres névralgiques qui vacillent, d'entrepreneurs de génie qui portent une vision sans faillir, de faillites en cascade même chez les plus doués.

Petits bémols néanmoins, le livre est assez technique et pas vraiment romancé. On sent que l'auteur veut rester dans le factuel mais cela se fait parfois au détriment du plaisir de lecture. Ce qui fait qu'on a parfois l'impression de répétition et qu'il est dur à finir. Je l'ai lu en anglais car j'avais entendu dire que la VF retranscrivait mal le vocabulaire technique. En revanche, ce n'est pas évident d'avoir des longueur en feet et en miles et des vitesses en knots. C'est un excellent livre pour tous ceux qui s'intéressent à la mondialisation et la libéralisation des échanges et ce qui l'a permise, mais si ces sujets ne vous motivent pas, je déconseille.


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