mardi 30 juillet 2013

The Last of Us


Joel et Ellie

Ce n'est pas vraiment une critique, plus une tentative d'explicitation d'un ressenti. Je ne spoile quasiment pas, ainsi, le texte parlera je pense aussi bien à ceux ayant fini le jeu, qu'aux autres qui seraient tentés. Pour avoir un résumé ou des critiques plus techniques, le net est vaste, je vous fais confiance.

Il m'est difficile de parler de The Last of Us car tant a été déjà dit sur ce jeu. Si la qualité d'une oeuvre est proportionnelle à la somme de ses composantes, alors évidemment le jeu de Naughty Dog mérite un 20/20. Graphisme, technique, musiques, scénario, tout tutoie la perfection. Il n'y a qu'à voir les critique spécialisées ou même généralistes ; certains parlent d'un Citizen Kane moment, dans la mesure où le jeu repousse tout ce qui a été fait précédemment et permet à l'art vidéoludique d'entrer dans une nouvelle ère.

Mais si j'ai du mal à en parler, c'est surtout car il m'a touché. Les images du jeu imprègnent encore mon esprit et j'écris cette note en écoutant la musique. Parlons en de la musique justement car elle illustre l'extrême intelligence du studio. On ne cède pas à la grandiloquence, au contraire, ce sont des petits solos de guitare aisément reconnaissables. Les musiques n'emboitent jamais le pas sur la mise en scène ou le gameplay mais soutiennent le tout. Encore mieux, comme chez les plus grands cinéastes, elle est utilisée de manière parcimonieuse (les moments de silence sont nombreux) voire légèrement en décalage.

Comme n'importe quelle oeuvre majeur - oui parce que si vous en doutiez encore, le jeu vidéo est un art, en tout cas maintenant c'est sur - le jeu ne se laisse pas absorber et laisse place au mystère. Je me souviens d'un de mes premiers cours de philosophie sur la distinction entre besoin et désir. Le besoin peut s'étancher, le désir ne se laisse jamais consommer. The Last of Us est objet de désir. L'univers est particulier, et si l'introduction est l'une des plus belles expériences vidéoludique jamais vécue, la tension retombe vite. Nous devons nous dépêtrer avec un système de jeu un peu étrange, et un personnage bourru et pas forcément maniable qui rebutera les aficionados d'Uncharted. Et c'est progressivement que nous allons découvrir la richesse du jeu, et ce en parallèle avec les personnages...

J'ai toujours eu l'impression à de très rares exceptions que les cinématiques de Jeux Vidéos étaient dichotomiques du gameplay. On pouvait être en face d'un bon film/mauvais jeu (Heavy Rain), bon jeu /scénario de merde (Uncharted), ou bon Jeu/bon Film (Final Fantasy). Il n'empêche, jamais jusqu'à aujourd'hui je n'ai ressenti une telle symbiose entre cinématiques et gameplay. On apprend en même temps que Joël à apprécier Ellie. Au départ, tout comme lui, on est un eu exaspéré par cette fillette un peu collante, et puis on s'habitue à sa présence, jusqu'à ce que, sans s'en rendre compte, elle devienne indispensable. Et le plus dingue dans tout ça, c'est que les cinématiques et le scénario sont au diapason...Je ne sais par quelle magie Naughty Dog a calibré son jeu, mais c'est juste prodigieux.

Vous avez peut être remarqué que je n'avais même pas encore parlé de zombies...Le monde post-apocalyptique évoqué est en réalité secondaire, mais ne vous y trompez pas. C'est parce que la qualité de l'ensemble est exceptionnelle qu'on arrive à oublier le background pour ne se soucier que des personnages. A ce propos, je vous en prie, jouez en VO, ça change tout.

Pendant le jeu, on avance, on commence à apprécier Ellie et Joël, les décors sont variés, et on redécouvre un monde. Et puis arrive le dernier quart, et l'on se retrouve dans des territoires inexplorés. Des moments d'une violence psychologique et physiques quasi-insoutenables, d'autres aériens et contemplatifs, et parfois certains qui vous tireront des larmes ; pleurer lors d'un jeu, c'était une première fois pour moi. 

The Last of Us n'est pas un jeu où l'on collectionne les trophées, où l'on vide son chargeur de façon cathartique. Non, on est constamment en tension, à l'affût pour protéger Joel et Ellie. Je sais pas si vous avez remarqué, mais quand Mario tombe dans un trou, vous êtes rarement triste. Cette abscence d'empathie est quasiment dans les gênes du jeu vidéo, la frustration et le désir de recommencer faisant partie intrinsèque du média. Mais ici, rarement la mort de vos personnages aura été aussi rude. C'est sans doute parce qu'entre autres choses, le jeu questionne son propre rapport à la violence, à l'enfance et au deuil... 

Chef d'oeuvre, tout simplement.

PS : Je vous laisse sur un petit extrait musical.







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