vendredi 13 avril 2012

Titanic 3D


Il est des films dont le succès public est tel, que l’engouement est si important qu’on en oublie leurs qualités premières. Titanic est de ceux là. Par pur snobisme et face au raz de marée planétaire que le film avait provoqué en 98, il semblait parfois de bon ton de critiquer le film. Trop manichéen, trop prévisible, mauvais acteurs. Moi même, ayant adoré le film lors de sa sortie ( je ne l’ai vu qu’une fois néanmoins contrairement à beaucoup) j’avais relativisé sa portée. Mal m’en a pris.

J’ai revu hier le métrage, et je me suis pris une claque monumentale. Titanic n’est pas un bon ou un mauvais film, c’est un jalon dans l’histoire du cinéma, au même titre que le Dictateur de Chaplin, Laurence d’Arabie et les Kubrick. D’immenses succès populaires auquel le temps aura donné le statut de culte.

Deux des meilleurs acteurs des années 2000
Il semble inimaginable aujourd’hui d’imaginer Kate et Rose dans la peau d’autres acteurs que Di Caprio et Winslet. Et 15 ans après, je partage la haine de millions de fans après la non-nomination du couple aux Oscars. Ce sont d’ailleurs devenus heureusement des comédiens parmi les meilleurs de leur génération.

Mais en réalité, il y a un point qui me rend Titanic si exceptionnel. L’intelligence et le culot de Cameron. L’intelligence d’un cinéaste se mesure à sa façon de gérer ses moyens. Car c’est de là qu’on remarque la cohésion et cohérence d’un projet. Là où tellement d’autres auraient profité d’un budget pharaonique (Titanic reste le film le plus cher de l’histoire après Avatar justement) pour nous en mettre plein la vue et multiplier les actes de bravour, Cameron fait un pied de nez aux studios en se focalisant essentiellement sur l’histoire d’amour. Ce qui je me souviens n’avait pas manqué de provoquer l’ire de nombreux beaufs déçus par un énième film catastrophe qui n’arriva jamais. Et qu’est ce que c’est bon…Chaque geste, chaque parole compte. Il y a un véritable ballet des corps, du répondant, des rires des larmes, il y a tout. L’ensemble est magnifié par la caméra de Cameron et le décor gigantesque.

Il semble bien que le film possède trois niveaux de lecture qui en réalité ne sont là que pour raisonner inconsciemment dans l’esprit du spectateur.
La structure du bateau, entre four intérieur puis superficialité progressive à mesure que l’on s’éloigne de la salle des machines. Ce n’est pas un hasard si Rose va chercher Jack dans les tréfonds du navire, il semble que c’est aussi son âme qu’elle va sauver en le libérant des menottes.
Structure de la société également en écho au bateau. Les différentes classes se mélangent dans un lieu fermé et l’ensemble volera en éclat au moment du naufrage.
Et enfin bouillonnement intérieur de Rose. On sent en elle un tempérament de feu qui est prisonnier sous le corset de la classe dirigeante du XIXème siècle.

Ces trois niveaux se télescopent pendant le naufrage. Encore une fois, saluons le talent de Cameron dont l’appareil scénaristique, matériel et son élégance folle caméra à la main ne sert qu’à raconter l’histoire de personnages et SURTOUT pas l’inverse. A ce propos, contrairement à Avatar, chaque personnage est développé et attachant. Depuis les héros jusqu’au musiciens ou compagnons de Jack 3ème classe. Chacun d’entre eux est doté de vie propre.

Parlons enfin de la 3D, il faut savoir qu’en réalité, Cameron pense sa mise en scène en 3 dimensions. C’est à dire que le film original possède déjà les effets de perspective. Le cinéaste travaille constamment sur les lignes de fuites pour suggérer, amplifier sa mise en scène. L’ajout de la 3D est donc parfaitement naturelle et s’oublie justement au cours de la projection. Ce qui fait dire à beaucoup qu’elle est inutile alors que c’est justement sa discrétion qui impose le respect. Il n’est rien de pire qu’une immersion en relief intrusive qui nous fait sortir des personnages. Et contrairement à ce que pense la majorité, c’est avant tout dans les séquences intimistes qu’elle révèle son vrai potentiel. Dans ses moments où le visage des acteurs apparaît en gros plan, la possibilité de les détacher de l’arrière plan nous renvoie en réalité d’avantage au théâtre qu’au cinéma.

Titanic est un film gigantesque et son titre pourrait être une mise en abime du film lui même. Il possède de multiples niveaux de lectures, sociaux, écologiques, technologiques, des effets spéciaux géniaux, un usage du relief maîtrisé à la perfection, il n’a pas pris une ride. Mais au bout du compte seule compte l’émotion d’une vieille femme qui au bout de sa vie peut enfin rejoindre l’homme qu’elle aime.

Merci James Cameron.

2 commentaires:

  1. Maintenant que je t'ai rencontré (certes furtivement !) à l'anniversaire de G., je peux maintenant te complimenter sur ce billet (que j'ai lu avant de te connaître) et peut-être même sur l'ensemble de ton blog que je commence à découvrir un peu plus, tout cela a l'air bien sympa =)

    Si mon prénom ne te dit rien, j'étais le numéro 3 (si ma mémoire est bonne...) sur le jeu façon Secret story des filles.

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    1. Merci beaucoup pour ce commentaire, ça me fait très plaisir et me pousse à continuer. J'espère que nous aurons plus l'occasion de discuter lors d'une prochaine invit! Et j'ai regardé ton blog aussi, c'est beaucoup plus fourni!

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