Mon avis sur The Dark Knight Rises, il révèle des élèments clés de l'intrigue, mais de toute façon tout le monde a vu le film je crois....
Dans Batman Begins, Nolan avait brillamment réussi à sauver
une franchise qu’on pensait maudite à jamais après les horreurs absolues
qu’étaient Batman 3 et 4. En recentrant son film sur la figure du chevalier
noir et en en faisant l’héritier des ninjas, il recréait une mythologie ancrée
dans la réalité. The Dark Knight transformait l’essai avec brio. Heath
Ledger était hallucinant et halluciné
dans une interprétation du joker dont on se souviendra longtemps.
Dire que la suite était attendue relève de l’euphémisme. On
se souvient que dès la sortie du 2ème opus, les rumeurs avaient
couru sur une trilogie. Après un Inception au scénario brillant, véritable chef
d’œuvre géométrique à multiplies lectures, Nolan clôt donc l’univers qu’il a
créé.
La première qualité louée chez les Nolan Bros est souvent le
scénario, que ce soit les labyrinthiques Inception et Memento ou encore les
twists à tiroir du prestige ; la qualité de l’intrigue, sa construction et
le soin apporté aux personnages est unique à Hollywood. Le scénario de TDKR est
avant même d’être le scénario d’un film le scénario de clôture d’une trilogie.
En débutant le film par Harvey Dent, en réintroduisant Cillian Murphy en juge
absurde échappé de l’asile, puis Ra’s Al Gul et la ligue des ombres, Nolan a créé
une trilogie circulaire et non linéaire.
Au delà du scénario, ce que je préfère néanmoins chez lui est
la place accordée aux acteurs. En ce sens, je pense qu’il se rapproche
d’avantage d’un Michael Mann pour la place accordée qu’il leur accorde. Les
films de Nolan ont quelque chose de très théâtral dans la manière qu’ont les
dialogues de durer un poil plus que leurs équivalents dans d’autres
blockbusters. Il y a aussi cette attention accordée au cadre et à la lumière
pour mettre en valeur les lignes de forces entre personnages. Et puis enfin, et
ce n’est pas un hasard, ses acteurs récurrents qui au final forment une troupe.
Le réalisateur britannique est également souvent comparé à
Spielberg. Essentiellement pour sa propension à retourner le postulat du
blockbuster pour en faire un objet personnel. Si Batman Begins était maladroit
par instants notamment à cause de son imagerie un poil kitsch, il arrivait par
moments à atteindre le statut d’œuvre d’art. Grâce entres autres à un
épouvantail dont les séquences troublantes confinaient presque au fantastique.
Nolan y projetait ses thèmes de prédilection que sont l’illusion et les
réalités mouvantes (qu’on retrouve évidemment dans Inception et le Prestige). Dans
Dark Knight, c’est de la folie dont il s’agissait et aussi d’une certaine
plongée dans l’horreur en chacun de nous, génial Aaron Eckhart souvent oublié.
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Ce que vous ne verrez pas dans TDKR |
Au milieu de tout cela, seul un personnage tire son épingle
du jeu ; Catwoman. Anne Hathaway est ultra sexy, drôle, chipie. Si je
trouve dommage qu’elle ne soit pas extravagante et une pointe plus sado-maso à
la Pfeiffer, ce n’est que par goût personnel.
Dans le monde si masculin des comics, Nolan a créé une VRAIE
héroïne, à savoir pas comme c’est si souvent le cas, soit un fantasme masculin,
soit un homme avec des seins. L’alchimie fonctionne belle et bien entre le chat
et la chauve-souris et cela atténue forcément l’histoire d’amour Bruce-Miranda. Mais encore une fois, je trouve que Nolan a été un poil trop sage. Si je peux comprendre une certaine paresse dans la relation Miranda-Bruce justifiée par le scénario, le baiser final Batman-Catwoman aurait du être bien plus puissant et chargé d'érotisme, c'est à se demander si Batman n'est pas gay comme le voudrait la légende.
Bien sur devant l’excellence d’un tel produit mes critiques
sont nuancées. Bien sur que les scènes de chaos existent mais elles ne marquent
pas vraiment, on a juste l’impression de voir quelques riches se faire casser
leur miroir. On ne comprend pas bien comment des policiers qui vivent sous
terre pendant 3 mois sont toujours aussi propres et aussi bien rasés. Attention,
je ne parle pas de réalisme mais d’impressionnisme, une imagerie extrême aurait
vraiment accentué l’effondrement de Gotham, il n’est est rien. Une seule scène
marque peut être, cette image des policiers du SWAT suspendus au pont. Il est
étrange de se dire que l’insécurité est plus palpable dans certaines rues
parisiennes que dans ces séquences d’un Gotham isolé. Pourquoi par exemple ne
pas avoir révélé ce qu’il y avait derrière le masque de Bane, je me souviens
encore de l’effroi provoqué par la chair calcinée d’Harvey Dent…
Je ne m’appesantirai pas non plus sur les scènes d’action,
Nolan n’est décidemment pas un esthète du mouvement et si l’ensemble est
d’excellente facture, tout cela manque cruellement de vista.
Devant un enjeu phénoménal, il est probable que Nolan ait
voulu botter en touche. Si The Dark Knight était un film immense nourrit des
obsessions de son auteur (bien que sujet à de nombreux défauts selon moi), TDKR
est une meilleure conclusion de trilogie qu’un bon film. Un peu comme dans Le
Parrain, c’est l’occasion de dire adieu aux personnages et de transmettre un héritage
tout en convoquant les figures marquantes des premiers films. Et l’on se
surprend alors à rêver de ce qu’aurait pu être ce film si Heath Ledger était
encore là.
En bonus un super blog avec plein de superbes fan-arts. Lien
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