lundi 30 juillet 2012

Un film un peu bat-eau.


Mon avis sur The Dark Knight Rises, il révèle des élèments clés de l'intrigue, mais de toute façon tout le monde a vu le film je crois....

Dans Batman Begins, Nolan avait brillamment réussi à sauver une franchise qu’on pensait maudite à jamais après les horreurs absolues qu’étaient Batman 3 et 4. En recentrant son film sur la figure du chevalier noir et en en faisant l’héritier des ninjas, il recréait une mythologie ancrée dans la réalité. The Dark Knight transformait l’essai avec brio. Heath Ledger  était hallucinant et halluciné dans une interprétation du joker dont on se souviendra longtemps.

Dire que la suite était attendue relève de l’euphémisme. On se souvient que dès la sortie du 2ème opus, les rumeurs avaient couru sur une trilogie. Après un Inception au scénario brillant, véritable chef d’œuvre géométrique à multiplies lectures, Nolan clôt donc l’univers qu’il a créé.

La première qualité louée chez les Nolan Bros est souvent le scénario, que ce soit les labyrinthiques Inception et Memento ou encore les twists à tiroir du prestige ; la qualité de l’intrigue, sa construction et le soin apporté aux personnages est unique à Hollywood. Le scénario de TDKR est avant même d’être le scénario d’un film le scénario de clôture d’une trilogie. En débutant le film par Harvey Dent, en réintroduisant Cillian Murphy en juge absurde échappé de l’asile, puis Ra’s Al Gul et la ligue des ombres, Nolan a créé une trilogie circulaire et non linéaire.

Au delà du scénario, ce que je préfère néanmoins chez lui est la place accordée aux acteurs. En ce sens, je pense qu’il se rapproche d’avantage d’un Michael Mann pour la place accordée qu’il leur accorde. Les films de Nolan ont quelque chose de très théâtral dans la manière qu’ont les dialogues de durer un poil plus que leurs équivalents dans d’autres blockbusters. Il y a aussi cette attention accordée au cadre et à la lumière pour mettre en valeur les lignes de forces entre personnages. Et puis enfin, et ce n’est pas un hasard, ses acteurs récurrents qui au final forment une troupe.

Le réalisateur britannique est également souvent comparé à Spielberg. Essentiellement pour sa propension à retourner le postulat du blockbuster pour en faire un objet personnel. Si Batman Begins était maladroit par instants notamment à cause de son imagerie un poil kitsch, il arrivait par moments à atteindre le statut d’œuvre d’art. Grâce entres autres à un épouvantail dont les séquences troublantes confinaient presque au fantastique. Nolan y projetait ses thèmes de prédilection que sont l’illusion et les réalités mouvantes (qu’on retrouve évidemment dans Inception et le Prestige). Dans Dark Knight, c’est de la folie dont il s’agissait et aussi d’une certaine plongée dans l’horreur en chacun de nous, génial Aaron Eckhart souvent oublié.

Ce que vous ne verrez pas dans TDKR
Rien ou si peu de tout cela dans TDKR, la précision de la mécanique semble l’avoir emportée sur tout. Alors certes, quelques séquences sont marquantes comme le premier combat et la correction que se prend Batman. Bane incarne un superbe méchant, mais n’est rien de moins qu’un mercenaire ultra-fort dont le but échappe un peu. Reformer la ligue des ombres ? Redonner le pouvoir au peuple ? Marion Cotillard a été conspuée par les spectateurs, mais à mon sens si sa révélation en Talia ne fonctionne pas, c’est aussi parce que l’arc narratif qu’elle forme avec Wayne n’est pas crédible. Si on ne peut croire en l’histoire d’amour, le retournement de veste tombe forcément à plat.

Au milieu de tout cela, seul un personnage tire son épingle du jeu ; Catwoman. Anne Hathaway est ultra sexy, drôle, chipie. Si je trouve dommage qu’elle ne soit pas extravagante et une pointe plus sado-maso à la Pfeiffer, ce n’est que par goût personnel. 

Dans le monde si masculin des comics, Nolan a créé une VRAIE héroïne, à savoir pas comme c’est si souvent le cas, soit un fantasme masculin, soit un homme avec des seins. L’alchimie fonctionne belle et bien entre le chat et la chauve-souris et cela atténue forcément l’histoire d’amour Bruce-Miranda. Mais encore une fois, je trouve que Nolan a été un poil trop sage. Si je peux comprendre une certaine paresse dans la relation Miranda-Bruce justifiée par le scénario, le baiser final Batman-Catwoman aurait du être bien plus puissant et chargé d'érotisme, c'est à se demander si Batman n'est pas gay comme le voudrait la légende.

Bien sur devant l’excellence d’un tel produit mes critiques sont nuancées. Bien sur que les scènes de chaos existent mais elles ne marquent pas vraiment, on a juste l’impression de voir quelques riches se faire casser leur miroir. On ne comprend pas bien comment des policiers qui vivent sous terre pendant 3 mois sont toujours aussi propres et aussi bien rasés. Attention, je ne parle pas de réalisme mais d’impressionnisme, une imagerie extrême aurait vraiment accentué l’effondrement de Gotham, il n’est est rien. Une seule scène marque peut être, cette image des policiers du SWAT suspendus au pont. Il est étrange de se dire que l’insécurité est plus palpable dans certaines rues parisiennes que dans ces séquences d’un Gotham isolé. Pourquoi par exemple ne pas avoir révélé ce qu’il y avait derrière le masque de Bane, je me souviens encore de l’effroi provoqué par la chair calcinée d’Harvey Dent…

Je ne m’appesantirai pas non plus sur les scènes d’action, Nolan n’est décidemment pas un esthète du mouvement et si l’ensemble est d’excellente facture, tout cela manque cruellement de vista.

Devant un enjeu phénoménal, il est probable que Nolan ait voulu botter en touche. Si The Dark Knight était un film immense nourrit des obsessions de son auteur (bien que sujet à de nombreux défauts selon moi), TDKR est une meilleure conclusion de trilogie qu’un bon film. Un peu comme dans Le Parrain, c’est l’occasion de dire adieu aux personnages et de transmettre un héritage tout en convoquant les figures marquantes des premiers films. Et l’on se surprend alors à rêver de ce qu’aurait pu être ce film si Heath Ledger était encore là.


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